dendrographie
dessins augmentés
« L’arbre, aujourd’hui, mobilise de manière intense le champ de l’art contemporain. Tout comme il mobilise, en objet salvateur cette fois, celui de l’écologie ou de l’architecture.
Créature clé dans le dispositif du care, qu’il s’agisse du « soin » social (les parcs, la nature restaurée) ou écologique (la diminution du désastreux bilan carbone de l’humanité), l’arbre est ce recycleur naturel dont notre environnement a un besoin pressant. Un roi factuel, un roi symbolique.»
Paul Ardenne
Philippe Domergue parcours à pied les territoires à la rencontre d'arbres remarquables.
Lors de ces rencontres il se plante (littéralement) devant l'arbre, comme pour s'enraciner lui aussi. Au-delà du plaisir à retrouver les sensations de son enfance en milieu agricole (vallée de l'Hérault), il cherche à retranscrire sur le papier cette lente et puissante énergie de la plante, cette explosion infiniment lente d'une graine (1).
L'artiste dessine intensément sur le motif mais va plus loin que les dessins obtenus in situ.
Il les travaille comme un paysan, comme s'il cherchait à cultiver, à artialiser ces parcelles de papier.
Domergue rehausse ses dessins avec des éléments tactiles (fragments de matières, fils, textiles) ou procède par adjonction d’objets à forte valeur symbolique (tamis, grilles, fenêtres) qui entrent en résonance avec les gestes graphiques enregistrés sur le papier pendant la phase de dessin in situ.
Les hybridations obtenues créent des tensions au sein du dessin et son statut initial d'objet purement visuel évolue sur le plan physique et sémantique.
Cette pratique sculpturale du dessin produit des objets au statut ambiguë, entre image (icône?) et objet rituel (reliquaire?) en référence peut être à Michel Bertrand (artiste connus pour ses stupas et reliquaires profanes et ayant enseigné à l’École Supérieure d'Art de Perpignan où Domergue a suivi ses études).
(1) Bruno Munari
Figuier centenaire avec grille, (Mas Saint Jacques), 2022-2023, dessin à la pierre noire sur papier 300g, treillis soudé réutilisé, cadre bois avec rehausse, 50x65x3cm.
Saule pleureur filmé, 2020-2022, dessin in situ à la mine de plomb sur papier 180g, membrane plastique à bulles, cadre vitrine bois lasuré noir, 32x44x3,5cm.
Les trames, les films bulles freinent la libre circulation du regard. Ils signifient l'empêchement, de la vie, du mouvement. Ils matérialisent les limites de notre perception et nous invitent à les transgresser, à passer à travers les mailles, les bulles, les zones floutées.
Genévrier alligator grillagé 1 et 2, 2022-2024, dessin in situ à la mine de graphite sur papier 180g, grillages et tamis métalliques, 30x42x3cm.
Saule, frêne et moquette, 2021-2024, dessin in situ à la mine de plomb sur papier 180g, fragment de revêtement de sol synthétique, 21x30x2cm.
Saule pleureur parqueté, 2020-2024, dessin in situ à la mine de graphite et aquarelle sur papier 180g, bois aggloméré, cadre vitrine bois lasuré, 32x44x3,5cm.
Arbres fenestrés, 2022-2023, dessins sur le motif à la mine de graphite sur papier 180g, fenêtre récupérée, 45x58x7cm.
Palmiers fenestrés, 2022-2023, dessin sur le motif à la mine de graphite sur papier 180g, fenêtre récupérée, grillage, 45x58x7cm.
Chêne givré, 2022-2023, dessin à la mine de graphite sur papier 180g, fenêtre récupérée, 50x45x6cm.
Pin (Massif de la Clape), 2021-2024, dessin à la mine de graphite sur papier 180g, gravât, 46x34x3cm.
Pacanier grillagé, 2021-2024, dessin à la mine de graphite sur papier 180g, grille métallique récupérée sur un chantier, 34x25x3cm.
Arbousier haubané (Massif de la Clape), 2020-2021, dessin in situ à la mine de plomb sur papier 180g, tamis textile tendu sur châssis, cadre vitrine bois avec rehausse, 45x33x3cm.
Eucalyptus masqué, (jardin du Musée de Collioure), 2021-2022, dessin à la mine plomb et feutre sur papier 180g, adhésif de masquage, empreinte d'écorce sur métal, fragments d'écorce, 42x30x1cm.
Platane ceinturé, (Bled, Slovénie), 2021-2022, dessin à la mine de plomb et aquarelle sur papier 180g, fil de fer, 30x21x2cm.
Filaire à feuilles larges (arbre votif, jardin des Plantes, Montpellier), 2021-2024, dessin à la mine de plomb sur papier 180g, tuyau plastique, fil de fer, gaines, morceaux d'adhésifs, vœux écrit sur papier inséré dans le dispositif, cadre vitrine, 34x25x3cm.
portraits d'arbres
Réalisés sur le motif et en face à face, ces dessins d'arbres sont pour l’artiste le résultat de véritables rencontres. Elles durent plusieurs heures voire plusieurs jours et aboutissent à un ou plusieurs portraits.
Les sujets sont choisis pour leur capacité de résilience (arbres multicentenaires ou ayant surmonté des épreuves), leur pouvoir de guérison (arbres votifs, à loques etc.) ou pour de simples qualités esthétiques (tortuosité, hybridation avec des prothèses).
Cette série a démarré durant l'été 2019 suite aux canicules et méga-incendies qui ont ravagé les forêts dans le monde entier et qui ne cessent plus à l'échelle planétaire.
Voir + : Pyroscène
Pin et acanthe, Jardin des Plantes, Montpellier, 2022, dessin in situ à la mine de graphite sur papier 180g, 60x21cm.
Hêtre à cupules, Bled, Slovénie, 2021, dessin in situ à la mine de plomb sur papier 180g, 60x21cm.
Micocoulier, lierre et acanthe, (Jardin des Plantes, Montpellier), 2022, dessin sur le motif à la mine de graphite sur papier 180g, 30x21cm.
Tilleul multicentenaire de Rut, Slovénie, 2021, dessin in situ à la mine de plomb sur papier 180g, 21x30cm.
Platane plongeant, Bled, Slovénie, 2021, dessin à la mine de plomb sur papier 180g, 21x30cm.
Hêtre tronqué, Bled, Slovénie, 2021, dessin à la mine de plomb sur papier 180g, 21x30cm.